By Aline Rousselle
Il est un lieu où se croisent, se focalisent, des séries d'informations que l'on n'avait jusqu'à présent pas rapprochées: celles fournies par l'archéologie _ sur l. a. fréquentation, le mode d'utilisation, l'abandon des sanctuaires réputés guérisseurs _ et celles procurées par l. a. littérature chrétienne _ sur les guérisons miraculeuses _, notamment l. a. Vita Martini de Sulpice Sévère.
Ces deux varieties de données permettent de marquer une nette différence entre les symptômes courants des malades fréquentant les sanctuaires jusqu'au IIIe siècle et ceux qui apparaissent à los angeles fin du IVe. Le sufferer ne s'adresse plus, comme jadis, à un lieu ni à un objet réputé pouvoir le guérir, mais à un individu, à un homme: le saint. C'est bien le signe que l'on n'a plus affaire à l. a. même civilisation.
Le culte des saints (et de leurs reliques) n'a en fait rien d'une survivance du paganisme contre lequel l'Eglise n'aurait lutté qu'en christianisant les anciens lieux de culte. Il est au contraire le témoin d'un changement décisif: un psychisme désormais tourné vers un dieu-sujet et révélé par des affections et des symptômes inédits. Décelé par une partie de l'élite gallo-romaine, le nouveau mode de croyance fait l'objet de los angeles half de quelques grands lettrés chrétiens d'une impressionnante prise en major intellectuelle et philosophique.
Adhésion parfaitement intériorisée, théorisation cohérente et conséquente: los angeles nouvelle faith repose dès le Ve siècle sur des fondements quasi inébranlables...
Maître de conférences d'histoire ancienne à l'université de Perpignan, Aline Rousselle est l'auteur, entre autres, de Porneia. De los angeles maîtrise du corps à l. a. privation sensorielle, IIe-IVe siècle, Paris, 1983.